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lundi 12 août 2013

Haute Parfumerie Place Vendôme



Ce samedi matin, après un peu plus d’une heure de route hyper ennuyeuse au milieu de murs anti-bruit et d’usines d’assemblage d’élévateurs industriels, j’arrive enfin à Wevelgem, petite bourgade de Flandres, à 30min de Lille. Mais que vais-je donc faire là-bas ? J’ai rendez-vous avec le Magicien des Parfums. Ou le Psychologue des Parfums, j’hésite encore entre les deux termes. Le « Magilogue des Parfums », voilà, ça ça pète la classe.

C’est perdu au milieu de cette commune qui n’a rien de touristique qu’est sise la Haute Parfumerie Place Vendôme, créée il y a 25 ans de cela par David Depuydt. Un lieu loin de tout pour un écrin de luxe, de volupté et de sensualité dédié aux vrais amoureux des fragrances rares et uniques. C’est en effet le seul et unique endroit en Belgique où l’on peut trouver les Collections Exclusives de Chanel, Guerlain (y compris la collection réservée aux Emirats Arabes) et Cartier, ainsi que des pièces de collection.


Il est 10.30, et je suis accueillie par un jeune homme charmant. C’est l’occasion de pratiquer mon néerlandais, même si je sais que le staff de la Place Vendôme est  parfaitement bilingue. En attendant David, je déambule dans cette caverne d’Ali Baba scintillante et profite des quelques touches parfumées que me tend le conseiller-parfumeur. Ayant vu quelques vidéos de présentation de cette parfumerie d’exception, je sais déjà que David Depuydt est un être à part. Extrêmement élégant, il se maquille sans complexe : fond de teint, crayon pour les yeux, mascara. Et c’est qu’il se maquille bien le bougre, à rendre jalouse n’importe quelle gonzesse – surtout moi qui, quand j’essaye, ressemble toujours à une ado de 14 ans qui a essayé le rouge à lèvre de sa mère pour la première fois. David rayonne. Son aura se reflète dans les miroirs de sa parfumerie, dans le cristal des lustres, dans les flacons luxueux de jus mythiques.



Après une poignée de main chaleureuse et un doux sourire, il me reçoit dans la partie dédiée aux soins esthétiques. Peu lui importe que je sois une petite bloggeuse sans envergure et totalement inconnue, il me donne de son temps avec un plaisir non dissimulé.

Un peu impressionnée quand même, je pose mon gsm-dictaphone sur la table et lui demande de me parler de lui. Il commence, et je me laisse emportée par sa voix douce qui roule si joliment les R.

David et la cosmétique, c’est une passion de toujours. A 6 ans, il épate déjà une clientèle adulte en vendant des produits de la marque Avon avec enthousiasme, mais pas que : il connaît les produits qu’il vend. Et il les connait bien. A 10 ans, on lui confie les maquillages de mariage. Moi, à 10 ans, on me confiait rien du tout. Mais c’est aussi sa grand-mère qui le mettra sur la destinée parfum : portant Shalimar l’immortel, c’est cette proximité avec ce parfum légendaire qui définira sa préférence pour les parfums orientaux et pour la Maison Guerlain en particulier. 


S’en suivent des études de langues et de sciences économiques, puis d’analyse du comportement avec comme objectif de pouvoir encore mieux cibler les besoins et envies de sa clientèle. Côtoyant des nez prestigieux de grandes maisons qui viennent encore approfondir ses connaissances, David est en mesure d’offrir à présent un service d’exception : une véritable consultation-parfum afin de trouver LE parfum qui correspondra à sa clientèle. Se basant sur une dizaine de questions simples (ex. : ce que l’on aime manger, ce que l’on aime boire, les tissus que l’on préfère, les couleurs) et sur l’observation de la personne (habillement, manière de parler, etc), il peut définir quelle famille olfactive, quelle intensité ou encore quel degré de complexité et de contraste conviendra le mieux. Il fera de même une distinction entre ses clients plutôt auditifs, visuels ou kinesthésiques.



David m’explique que la partie du cerveau qui analyse les parfums n’est développée en totalité qu’à l’âge de 28 ans. Avant, il y a rejet de toute complexité, ce qui explique le succès des parfums sucrés-fruités que l’on trouve en abondance dans les rayons des parfumeries générales. Mais il ne suffit pas d’avoir passé 28 ans pour pouvoir déguster un parfum chypré complexe. Le nez, cela s’éduque, comme je suis en train de l’apprendre : une fragrance qui, dans un premier temps, semble trop forte, prenante, vieille, peut petit à petit devenir plus douce, plus enveloppante, et réellement fascinante. David ayant, depuis son plus jeune âge, été en contact avec des parfums complexes comme Shalimar, son savoir olfactif a pu se développer plus rapidement.

Il regrette que l’industrie du parfum ne tient parfois pas compte de cet aspect et que les tests fait au sein de « groupes cobayes » soumettent alors un jus un peu plus difficile d’accès à des jeunes qui vont le refuser faute d’éducation olfactive. Il déplore donc la naissance de fragrances mortes-nées, ou encore le manque de connaissances des vendeurs en parfumerie générale qui ne font qu’orienter les gens vers des clones de leurs parfums actuels au lieu de sortir des sentiers battus et d’oser proposer autre chose, tel un parfum ancien ou un jus sortant de l’ordinaire. Autant d’occasions manquées le rendent presque triste.

Tout cela, me dit-il, n’a fait que renforcer son envie de proposer l’alternative à une clientèle exigeante, même si par là-même, il s’engageait sur un chemin plus difficile point de vue commercial (tout comme la localisation de sa parfumerie qui est loin de tout).


David aime les parfums, mais il aime aussi passionnément les gens. Le contact, les échanges, les sentiments, il ne pourrait faire sans. « Le parfum c’est de l’émotion liquide. Le luxe, c’est ce qui touche et nourri votre âme. Si un produit n’a pas cet effet, ce n’est pas du luxe » me dit-il. « Il y a du sent-bon comme disait Gabrielle Chanel, et il y a le parfum - poursuit-il – les gens qui viennent ici ne viennent pas acheter des logos mais des émotions ». Ses yeux brillent et s’agrandissent. Il parle avec son cœur.



Outre une clientèle qui doit sûrement lui être d’une fidélité absolue, David reçoit aussi des nez prestigieux dans sa parfumerie : Thierry Wasser de Guerlain ou Isabelle Doyen d’Annick Goutal lui rendent visite et en profitent pour se faire chouchouter à leur tour. David est aussi au cœur de la naissance de projets prestigieux : les Shalimar Ode à la Vanille sont nés chez lui. Il n’en est pas moins modeste et ouvert d’esprit et considère certains parfums dit « mainstream » comme de petits chefs d’œuvre, prouvant que l’on peut mettre Guerlain sur un piédestal mais garder le nez frétillant pour les sorties en parfumerie générale.

Au final, je suis restée deux heures en sa compagnie. Deux heures de pur bonheur et d’apprentissage en continu, David connaissant 1.000 histoires et anecdotes historiques sur les parfums. J’y ai découvert Chanel N°5 en extrait qui s’est révélé être une merveille absolue, très loin de cette explosion d’aldéhydes avec lesquels j’ai le plus grand mal dans la version eau de parfum.



J’ai aussi été passablement étonnée de voir à quel point certaines de ses idées sont tout bonnement géniales, comme utiliser un éventail en tant que testeur afin que l’alcool s’évapore plus rapidement, ou encore prendre un verre à cognac afin de rendre le geste plus viril pour sa clientèle masculine.

J’ai aussi demandé à avoir une consultation parfum et après quelques questions, David est revenu avec deux éventails : l’un portant un parfum lumineux, pur, frais, vivifiant ; l’autre, une fragrance plus boisée, plus sombre, plus complexe. Il s’agissait de Bel Respiro de la collection les Exclusifs de Chanel et de Bois d’Arménie de la collection l’Art et la Matière de Guerlain. Si Bois d’Arménie m’a plu, c’est Bel Respiro qui m’a attrapée pour ne plus me lâcher.


Lorsque j’ai demandé à David quel était son parfum, il m’a sorti d’un tiroir une bouteille toute simple avec une étiquette collée et écrite à la main. Dedans, une fragrance à tomber par terre. Un complexe mélange de fleurs discrètes et fragiles, une touche de sucré qui reste à peine sur l’arrière de la langue, un jus d’une élégance et d’une délicatesse sans pareille. Le tout créé spécialement pour lui par les nez de Guerlain. Moi je dis : la vache, ça c’est la classe !



 Je suis repartie de la Place Vendôme la tête pleine d’images brillantes et les bras chargés de cadeaux, David n’hésitant pas à me couvrir d’échantillons et même de parfums d’ambiance Guerlain full size.  Avec un petit sourire en coin et un coup d’œil malicieux, il me glissa aussi dans mon sac deux échantillons de parfums (un pour enfant, l’autre un extrait de Coco Mademoiselle, le luxe quoi) pour Lucy, en me chuchotant « pour votre petite fille ». Là, j’ai craqué et failli le serrer dans mes bras en hululant et en sautillant.

Je n’ai qu’une envie : y retourner vite vite vite ! Tant de merveilles m’attendent là-bas !

Menenstraat 2
8560 Wevelgem
Tel : 056 41 24 68 
Lundi - 13.00 à 18.30
Mardi à Samedi - 9.30 à 18.30
Consultation parfum : 150€, parfum inclus s’il vous plait !


PS : pour rendre David encore plus adorable qu’il ne l’est déjà, revenant de vacances en Espagne, il a adopté là-bas deux petits chiens abandonnés à leur triste sort qui viendront rejoindre son cavalier King Charles. J’espère que la prochaine fois que je lui rendrai visite, ils seront là !

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