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mercredi 27 juin 2012

Critique de film: The Grey

Sun Stars: * *
(Aucune = daube finie / * = mauvais / ** = pas mal / *** = plutôt bon / **** = très bon / ***** = excellent, à ne pas rater!)
Année: 2011
Réalisé par Joe Carnahan
Avec Liam Neeson, Frank Grillo, Dermot Mulroney, Dallas Roberts, Joe Anderson, Nonso Anozie, Ben Bray


Encore un exemple flagrant des dégâts que peut faire une bande-annonce foireuse. Celle de The Grey nous présentait un film d'action sanglant lambda avec un Liam Neeson dans un rôle à la Taken. Attention, j'ai adoré Taken! Donc ceci n'est pas une critique négative, mais du coup, je m'attendais à un film du même accabit. Une sorte de hack & slash cinématique sans réflexion, juste jouissif si on aime le genre et qu'on veut reposer ses neurones.

Mais dès le début du film, on comprend qu'on aura droit à autre chose.

The Grey, ça raconte l'histoire d'un gars, John Ottway, tireur d'élite engagé par une compagnie pétrolière pour protéger les employés travaillant dans le grand nord contre les agressions des animaux savach'. Mais un jour, alors qu'il prend l'avion avec des travailleurs rentrant à Anchorage (Alaska), ils sont victimes d'un crash. Il ne reste que peu de survivants, et ils doivent faire face à une nature et un climat hostile. Les choses se corsent d'autant plus qu'une meute de loups mangeurs d'homme entreprend de les chasser...

Pour ceux qui le savent, j'ai quand même un peu étudié les loups lors de mes études supp' et ils ont fait le sujet de mon travail de fin d'année. Du coup, évidemment, le sujet de The Grey (man vs bad bad wolves) me gênait plutôt fortement. Déjà, de un, les loups mangeurs d'homme, ça n'existe plus depuis des décénnies. De deux, le film regorge d'invraissemblances éthologiques plus farfelues les unes que les autres. Et de trois, les loups ont besoin de tout sauf de mauvaise publicité vu leur statut d'animal en danger.

Mais alors, pourquoi j'ai bien aimé le film?

Peut-être parce que justement, The Grey ne s'adresse pas forcément à un public qui va être demandeur de carnage et qui va prendre le film au premier degré (méchant loup = pan pan, quoi). Ou tout du moins, c'est comme ça que je le vois. Evidemment, je ne peux pas m'avancer pour le public américain moyen qui croit toujours que la théorie de l'évolution est un mensonge et que les flingues sont la meilleure invention de l'humanité.

Mais revenons au film, vous comprendrez mieux ce que je veux dire. On comprend dès le départ que le personnage de Neeson ne va pas bien. Il tue, mais n'y prend pas plaisir. Il est déconnecté du reste du monde et même dans ce milieu de froid extrême, il ne recherche pas la chaleur humaine, au contraire, il l'a fuit. Il pleure en silence et sans larmes la disparition d'une femme, de sa vie. Il pense à en finir.

Mais l'accident survient, et tout change. Tout à coup, il faut survivre, à tout prix. Ils sont si peu à avoir survécu au crash. Et les loups sont là. Décidant de trouver refuge dans la forêt afin de s'éloigner du territoire des loups, s'en suit une marche forcée semée d'embûches et de dangers, les loups n'étant pas forcément les plus mortels: le froid, le blizzard, les blessures, et l'abandon...


 
Dans le film, les loups, surtout l'alpha (le dominant) finissent par ne plus être des loups, mais plus une incarnation d'un danger imminent qui va pousser les survivants à avancer sans se retourner. D'ailleurs, l'allure du loup alpha n'est pas naturelle: trop grand, trop gros, aucune peur du feu, trop humain même. On prête par ailleurs aux loups un comportement totalement humain: envoyer un loup omega (le bas de la chaîne, l'outcast), tester les humains, genre "allez, z'y va voir un coup la date de péremption de c'ui-là". Plus improbable que ça tu meurs. On a l'impression que le réalisateur a voulu que ses personnages soient traqués tout en restant ancrés dans la réalité. Il aurait été plus facile d'imaginer une bête surnaturelle, mais le film serait alors entré dans une toute autre catégorie.


Ce chemin de croix est en fait la voie de la rédemption pour Ottway. Il ne retrouve peut-être pas la foi en un dieu potentiel, mais il semble reprendre foi en l'humain, en lui-même. Devenu accro à la vie, il décide de ne pas la perdre sans se battre.


The Grey pourrait donc se targuer de porter le titre rare de "film d'action métaphysique". De l'action il y en a, que ce soit avec le crash, les loups ou les dangers des chemins de montagne. Mais c'est aussi une réflexion sur la vie et sa valeur intrinsèque et ce qu'on est prêt à donner quand, confronté à un monde hostile, on a le choix entre lutter ou abandonner. Le ton est d'ailleurs donné lors de la scène finale. On s'attend à une baston de ouf rythmé par la dernière chanson de Likin Park. Et pourtant, c'est un splendide morceau de piano et de violons qui nous accompagne vers la fin du film, jetant un dernier regard sur les yeux empli de fureur de vivre d'Ottway.

Quant aux loups, malgré mes rires sarcastiques lors de scènes rocambolesques les mettant dans des situations fort improbables, et mes remarques cinglantes, on comprend assez vite, justement parce que les situations sont à la limite du grotesque d'un point de vue zoologique, que le film tente de faire passer autre chose et que les loups ne sont presque plus des loups, juste une menace qui a pris leur forme. Il est à regretter peut-être que l'amalagame risque d'être vite fait (loup = bête à abattre car mangeuse d'homme), mais j'ose espérer que la majorité des gens ayant été voir le film aura eu l'intelligence de voir plus loin.

Once more into the fray.
Into the last good fight I'll ever know…
Live and die on this day.
Live and die on this day.

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