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mercredi 18 mars 2009

Critique cinématographique - Gran Torino

Gran Torino
Sun Stars: * * * * *
(Aucune = daube finie / * = mauvais / ** = pas mal / *** = plutôt bon / **** = très bon / ***** = excellent, à ne pas rater!)
Année : 2008
Réalisé par Clint Eastwood
Avec Clint Eastwood, Bee Vang, Ahney Her, Christopher Carley


Il y a des films comme ça, on ne sait pas trop comment en parler tant il y a à dire. Gran Torino est un de ces film. Le genre de film qui vous trotte en tête longtemps, qui change parfois même votre vision des choses, qui vous fait sourire tout en vous rendant nostalgique. Et après le très décevant Changeling, quel bonheur que de (re)voir un grand Eastwood! Car non seulement le bon Clint nous offre un petit bijou dont il signe la réalisation, mais le voilà qui nous gratifie aussi de sa présence à l'écran, un pur plaisir!

Gran Torino, c'est d'abord une voiture, une Ford bien classieuse de 1972 qui en jette pas mal. Et cette noble dame appartient à Walt Kowalski (Clint Eastwood). Walt c'est un vétéran de la guerre de Corée, retraité de Ford justement, qui s'occupa lui-même de l'assemblage de certaines parties de sa Gran Torino qu'il bichonne et chéri comme un joyau rare. Walt, c'est un type pas vraiment agréable, plutôt xénophobe, qui semble constamment en rogne contre le monde entier. Comble des combles pour un ancien combattant ayant fait ses armes en Asie, Walt voit petit à petit son quartier parasité par des petits gangs armés jusqu'aux dents et envahit par des immigrés asiatiques, des Hmongs, communauté provenant du Laos, du Vietnam et de Thaïlande. Bref, Walt, c'est le gars qu'il faut pas faire chier et qu'il vaut mieux laisser dans son coin. Et pourtant…


"Ever notice how you come across somebody once in a while you shouldn't have fucked with? That's me."

Le film démarre dans une église. Walt Kowalski vient de perdre sa femme. Cependant, au lieu d'afficher un regard triste et abattu, c'est un homme furax qui apparait à l'écran. Serrant les dents, grognant et soulevant même légèrement un coin de sa lèvre supérieur, à l'image d'un vieux chien de combat qu'il vaut mieux ne pas énerver, nous observons avec Walt le défilé familial devant le cercueil de sa défunte femme: deux fils dans la quarantaine qui n'ont pas l'air plus touchés que ça, et 4 adolescents, les petits-enfants de Walt, montrant tout sauf le respect demandé lors d'une telle cérémonie. La famille, c'est déjà pas le fort de Walt. Vient ensuite le prêtre, un jeune rouquin au visage poupin, qui s'obstinera, et ce malgré le déluge de quolibets et autres gentillesses de Walt, à vouloir le guider sur le chemin de la rédemption.


"I confess that I have no desire to confess"

Revenu chez lui pour la "réception" après l'enterrement, Walt finit par fuir sa propre maison envahie par cette famille plus intéressée par ses possessions matérielles que par sa situation. Sur son porche bien entretenu, devant son petit jardin à la pelouse aussi verte qu'un terrain de golf de luxe, Walt observe ses voisins de gauche: une famille Hmongs célébrant la naissance d'un enfant dans une maison un brin délabrée à l'herbe jaunie. Walt crache au sol tout en grommelant, fixant du regard la grand-mère asiatique assise sur sa chaise à bascule. Et là, surprise, la grand-mère lâche un jet immonde et au moins dix fois plus abondant que le petit postillon de Walt, lui retournant son regard désapprobateur et grommelant elle aussi dans sa barbe. Succulent!
 
"Grumph"

On l'a compris, Walt n'est pas vraiment un homme sociable, préférant de loin rester seul sur son perron à se descendre des bières avec Daisy, son labrador, que discuter avec ses semblables. L'une des seules personnes avec lesquelles il entretient un semblant d'amitié est son coiffeur, avec lequel il joue à ce que j'ai appelé le "tennis des injures amicales". Walt semble cependant porter un lourd fardeau datant de la guerre de Corée, gardant son fusil d'époque en très bon état de marche ainsi qu'un petit flingue d'appoint sous sa veste.


"You finally look like a human being again"

A côté de chez l'amer Walt, nous faisons connaissance avec Sue et Thao, deux jeunes ado tentant de (sur)vivre dans ce quartier devenu mal famé. Autant Sue a de la répartie et ne montre aucune peur même face à de grosses brutes, autant Thao semble replié sur lui-même, discret , timide. Enrôlé de force dans un gang par son cousin, et ayant raté son initiation (voler la Grand Torino de Walt!), le premier vrai contact entre Thao, Sue et Walt se fera un soir, alors que le gang tente d'embarquer de force Thao. Ne supportant pas que quiconque, et encore moins ses immigrés de voisins, viennent piétiner sa pelouse parfaite, Walt endossera alors bien malgré lui le rôle de héros du quartier en intervenant dans la bagarre, armé de son vieux fusil mais surtout de sa tronche de mec qu'il faut vraiment pas chercher.

"Get off my lawn! "

C'est là le point de départ de cette histoire qui touchera maintes et maintes choses et sujets divers: respect des autres, incompréhension de et par sa propre famille, vision que notre culture a de la vieillesse et comment la traiter, présence de petits gangs qui mettent tout un quartier sur les genoux, escalade de la violence, impossibilité pour les jeunes de s'en sortir dans certains milieu, mais aussi amitié, affection, partage, et entre-aide. D'autres verront dans ce film des références à la carrière entière de Eastwood, une sorte de représentation de la vieillesse de Dirty Harry, ou encore l'image d'une amérique profonde abandonnée et repliée sur elle-même avec la violence comme seule compagne.

"You're letting Click-Clack, Ding-Dong and Charlie Chan, just walk out ..."

Gran Torino, vous vous en doutez, c'est une histoire qui n'aura pas vraiment de happy ending, mais la manière que Walt aura de tourner le tout pour venir en aide à ses nouveaux amis, à cette nouvelle famille même, qui le comprend mieux que ses propres fils, et ce malgré la barrière de la langue, reste la plus maline, la plus triste et la plus généreuse qui soit.


Haa la bouffe traditionelle, tout un poème!

Mais Gran Torino c'est aussi un film vraiment drôle et comique, pendant lequel j'ai vraiment ri de bon cœur. Le personnage de Walt étant tellement loin dans son délire et sa manière de parler tellement, osera-je dire, riche en adjectifs raciaux et insultants que cela en devient un vrai régal. Dire que moi je n'ai eu droit qu'au sempiternel "chinetok" quand j'étais petite, avoir quelqu'un comme Walt me traitant de "pâté impérial" aurait changé la donne ;) D'une mauvaise foi crasse, certain dialogue entre Walt et Thao sont pour moi déjà mythiques, ainsi que la fameuse leçon "pour devenir un homme". Quant à la scène de l'anniversaire de Walt et des cadeaux offerts par son fils et sa belle-fille, elle est tout simplement hilarante!

What the...

Je ne peux que vous conseiller de courir voir ce tout grand, ce géant dernier film de Clint Eastwood, une vraie perle rare qui vous bouleversera!

En bonus avec la critique, la bande-annonce de Gran Torino

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